Sœur Marie-Pia Schaller
Chère Sœur Marie-Pia, bien-aimée consœur,
Dans l’action de grâce, je voudrais remémorer les grandes choses de votre pèlerinage terrestre, celles qui resteront dans nos cœurs : Votre enfance dans une famille chrétienne, votre mission de consacrée, votre témoignage dans la maladie.
C’est avec bonheur que vous parliez de vos bons parents, de votre joie à la naissance de votre frère Erwin, puis de la cadette Béatrix, des promenades du dimanche qui conduisaient toute la famille dans les jolies chapelles de Notre Dame de Lourdes ou de Notre Dame du Bon Secours près de Schmitten. Votre papa, cordonnier apprécié de tous pour la qualité de son travail et son honnêteté, a été un exemple dont vous vous êtes inspirée tout au long de votre vie.
Nous avons à cœur aujourd’hui de remercier les membres de votre famille qui vous ont accompagnée avec tant d’affection surtout aux jours de plus fortes souffrances.
Le jour de votre première communion, à neuf ans, vous avez senti l’appel à la vie religieuse. La vocation a mûri durant vos études au Sacré-Cœur à Estavayer-le-Lac où vous avez suivi deux années de cours de français, le cours ménager et le deuxième secondaire.
En 1943, vous aviez seize ans quand vos parents ont accepté de vous laisser partir pour le couvent. Toute jeune aspirante, vous avez obtenu le brevet pour l’enseignement dans les écoles enfantines. Une année après la profession, vous êtes envoyée à Sion. Le changement de canton vous oblige alors à reprendre vos études pour l’obtention du brevet d’enseignement primaire valaisan. Nombreux sont les élèves qui vous gardent leur meilleur souvenir.
A trente ans déjà, la maladie met fin à votre activité pédagogique. Durant les années d’épreuves douloureuses, vous restez fidèle à la prière et à l’offrande. Une légère amélioration vous permet de prendre la responsabilité de la petite communauté au service du Séminaire des Missions d’Immensee à Torry, lieu convenant si bien à votre esprit missionnaire. Hélas, après cinq ans, la maladie reprend ses droits. Vous revenez à la Maison provinciale où, malgré tout, courageusement, vous collaborez avec un zèle, bien au-delà de vos possibilités, à un cahier de fraternité entre religieuses malades et handicapées dont le Père Blanchard a eu l’initiative, ainsi qu’à notre Secrétariat des missions.
Dotée d’une excellente mémoire, vous connaissiez le nom et les lieux d’activité de tous les missionnaires qui étaient en contact avec notre province.
Et quand les forces vous ont abandonnée, vous n’avez cessé de porter dans la prière et, avec un vif intérêt, les évènements de l’Eglise, du monde, de votre famille humaine et religieuse.
Au moment où nous célébrons l’Eucharistie, noua vous confions à la tendresse de Dieu.
Merci, chère Sœur Marie-Pia. Reposez, maintenant et pour toujours, dans la Lumière et la Paix de Dieu.
Sœur Isabelle Huber (Marie-Anne)
d’Echallens/VD
1925-2015
« Merveilles que fit pour moi le Seigneur » Ps 126
Ce verset, choisi pour annoncer le décès de notre chère Sœur Isabelle, sonne très juste. En effet, la trame de sa vie était tissée de petites et grandes merveilles qu’elle sut voir et accueillir puis raconter avec humour et couleurs… en dépit des épreuves et des aléas de la vie.
Sœur Isabelle est née de parents catholiques le 5 août 1925 à Echallens. Elle a été baptisée dans l’église paroissiale de son village natal. Sa mère, Laurette Huber-Gauthier, est morte le 21 novembre 1926. Son père, Amédée Huber, s’est remarié. Un frère et deux sœurs naquirent de ce second mariage.
Sr Isabelle a fréquenté l’école froebélienne et la première classe primaire à Echallens. Elle passait toujours les vacances à Romont, chez sa tante, Madame Clotilde Aebischer-Gauthier qui, en 1933, la prit définitivement chez elle. Sa tante est la maman de M. Emile Aebischer, connu par tous sous le nom de Yoki, auteur de la magnifique mosaïque pascale de notre chapelle que l’artiste venait volontiers revoir et que Sr Isabelle a si souvent contemplée. C’est donc avec Yoki et ses deux sœurs que Sr Isabelle a grandi. Elle fit ses classes à Romont. Ensuite elle part pour Berne comme employée de maison. Deux ans plus tard, elle revient sur la butte romontoise et est engagée par les Sœurs institutrices pour les travaux ménagers. Sr Isabelle écrit : « Je puis franchement dire que ce fut ma plus belle année de service. Au commencement, je ne pensais pas du tout au couvent. Mais le dévouement, la patience et le courage des Sœurs m’ont particulièrement impressionnée et je me suis dit que, peut-être, le Bon Dieu m’appelle, moi aussi à la vie religieuse. »
Le 19 novembre 1943, Sœur Isabelle entre chez les Sœurs de la Sainte-Croix d’Ingenbohl à Fribourg. Depuis sa profession, en 1947, elle a travaillé dans nos différents homes en Suisse romande essentiellement comme cuisinière: Gruyères, La Roche, Courtepin, Attalens, Vouvry, Prélaz, St-Ursanne, Sâles… Elle a aussi été souvent une aide précieuse dans les soins aux personnes âgées. Elle a gardé un cœur et un regard d’enfant au sens noble du terme. Si elle savait s’émerveiller au point de ne pas voir avancer les aiguilles de sa montre… elle avait aussi l’art d’émerveiller par sa gentillesse, sa douceur, sa confiance en Dieu et dans les autres, par ses dessins et sa voix cristalline. Qui ne se souvient pas de son chant : « Je m’appelle Anasthasie… » ?
Les membres de sa famille élargie ont fidèlement fait route avec elle. Ils tenaient à sa présence à toutes leurs fêtes de famille. Depuis 2008, Sr Isabelle doit résider à l’ISRF, elle a plusieurs graves accrocs de santé. Pourtant on ne s’attendait pas à ce départ subit au matin du 19 juin 2015. Ce même matin, elle avait reçu la communion durant la messe et un peu plus tard, la visite habituelle du confesseur. On ne peut que répéter : « Merveilles que fit pour moi le Seigneur. »