SOEUR JUDITH
1940-2017
Tresa, – le nom de baptême de Sr Judith – est née le 30 avril 1940 à Disla, à quelques distances de Disentis et de la source supérieure du Rhin.
Son papa, Curdin-Joseph Berther, est marbrier et exploite à Hospental une carrière de marbre des Alpes. Sa maman est mère au foyer et travaille, avec ses enfants, un petit domaine agricole à Disla.
Tresa est la 2ème enfant d’une fratrie qui en comptera 7 : 5 filles et 2 garçons. Elle grandit en parfaite harmonie avec ses frères et sœurs et sous l’œil attentif d’une maman exceptionnelle – comme aimait à le dire Sr Judith – et Papa, lui, revenait à la maison chaque fin de semaine.
La beauté époustouflante de la nature dans laquelle s’étale le petit village de Disla n’est pas étrangère à la sensibilité franciscaine de la petite Tresa. Notre Sœur, en effet, est admiratrice des hauts sommets, des glaciers et des cours d’eaux cristallins ; une passionnée de fleurs et de plantes médicinales? Il y a 2 mois à peine, sentant ses forces diminuer, elle presse une consœur de l’aider à mettre en pots les géraniums pour le printemps prochain.
Quant à l’éveil de sa vocation, Sr Judith écrit : «En avril 1949, j’ai reçu pour la première fois le Corps de Jésus dans mon cœur. C’était pour moi un jour des plus heureux. J’ai senti que le Bon Dieu me demandait de l’aimer encore davantage. Mais j’étais trop jeune pour comprendre exactement ce que cela voulait dire. Pourtant cette invitation se fit toujours plus pressante dans mon cœur. En 1954, j’ai commencé mon école secondaire à Disentis. Elle dura 2 ans. J’avais un long chemin d’école à faire. Je le parcourais souvent seule, en silence. C’est là, en marchant que le désir d’aller au couvent a mûri. »
L’école secondaire terminée, Tresa quitte sa terre natale pour se rendre à Clinique Ste-Agnès à Locarno. Elle y reste deux ans comme aide-infirmière et retourne à la maison pour un « au revoir » à sa famille, sûre qu’elle est, d’entrer au couvent chez les Sœurs de charité de la Sainte-Croix, à Ingenbohl. Elle n’avait pas compter avec l’opposition de ses parents qui la trouvent trop jeune pour une pareille décision. Sr Judith prend alors le chemin de la Suisse romande. Avec joie et dévouement, elle s’initie aux soins de malades à l’hôpital de Riaz, puis à l’hôpital Victoria, à Berne.
Le désir de se consacrer entièrement à Dieu et au prochain ne lui laisse aucun repos. En 1959, en guise de cadeau de Noël, elle demande à ses parents la permission d’entrer chez les Sœurs d’Ingenbohl à Fribourg. Ce qui lui est accordé. Le jour de l’Annonciation 1960, elle fait le pas décisif.
Le 27 avril 1964 elle fait profession. Joie et tristesse sont au rendez-vous. La maman de notre Soeur, âgée de 53 ans seulement, est mourante à l’hôpital de Coire. Elle décèdera le 3 mai 1964, avec, à son chevet, sa fille, nouvelle professe.
Dotée d’une belle intelligence et doué en langues comme beaucoup de romanches, notre Sœur est admise à l’école d’infirmières de Bois-Cerf, à Lausanne où, après 3 ans de formation, elle obtient le diplôme d’excellence. Elle suivra, plus tard, un cours de cadres à l’Ecole supérieure d’enseignement infirmier à Lausanne et un cours de gérontologie à Genève. Ses acquis professionnels, elle les met au service des malades à l’hôpital et au Foyer St-Joseph de Sierre, à l’Institut du Guintzet, à l’Institut du Sacré-Cœur à Estavayer-le-Lac, ici, à la Maison provinciale et à l’antenne téléphonique « accompagner la vie jusqu’à la mort. »
Pendant 2 ans, elle collabore à l’accueil des pèlerins à Notre-Dame des Marches.
Suite à une hépatite, Sr Judith vit de nombreuses années avec une maladie évolutive implacable. Fragilisée dans sa santé, elle doit mettre fin, beaucoup plus tôt qu’elle ne l’aurait souhaité, à sa profession d’infirmière.
Elle reste néanmoins active, parfois même trop…Avec générosité, elle se rend disponible pour quantité de services communautaires qui ont fait la joie de ses consœurs.
Il y a un mois, une hospitalisation d’urgence s’avère nécessaire. A l’hôpital de Tavel, totalement consciente de son état, notre Soeur attend la venue du Semeur avec sérénité, confiance et, disons-le, en se réjouissant de la Rencontre avec le Seigneur et avec ceux et celles qui l’ont précédée auprès de Lui. Elle est décédée aux premières heures du 3 décembre 2017, après avoir eu la visite de ses sœurs et de son frère qui ont chanté à son chevet, en romanche, un cantique à la Vierge. Et dans le monde entier, la liturgie de l’Avent nous donnait de chanter : « Viens, Seigneur, ne tarde plus et viens nous sauver. »
Sœur Marie-Claire (Marianne) Thorimbert
Grangettes /FR
1919-2017
Sœur Marie-Claire a grandi dans une famille adoptive. Elle y a reçu beaucoup d’affection. Elle fait allusion dans son curriculum vitae, au visage bien-aimé de son grand-père : « Je vois toujours devant mes yeux ce visage souriant, serein, ses yeux bleus si doux et ses cheveux ressemblant à une touffe de soie blanche. Toutes mes jeunes années se sont passées auprès de cet être chéri. »
Elle ajoute : « A sept ans, j’ai commencé mon école primaire. Ce ne fut pas sans quelques larmes que je suis partie de la maison. J’avais une peur bleue d’aller à l’école. Mais cette crainte fut vite dissipée et j’ai toujours fréquenté l’école avec une grande joie.
A quinze ans, mes années d’école primaire étant terminées, mes parents me placèrent au collège de Maria-Hilf, Schwyz, pour y apprendre l’allemand. Les premiers temps furent pénibles et je m’ennuyais de la maison. Mais la vie entraînante des volontaires et les travaux variés dissipèrent ma nostalgie de la Gruyère. C’est au collège Maria-Hilf que j’entendis l’appel divin. Lors d’une randonnée aux côtés de Soeur Théophila, tout en causant, elle me suggéra de beaucoup prier pour trouver ma vocation. Cette pensée ne me quitta plus. Je vis que, vraiment, Notre-Seigneur m’appelait. J’en fis part à mes parents. Ce fut pour eux une immense joie et combien pour moi !
Mon acceptation dans la congrégation fut bientôt un fait accompli. Je suis rentrée au couvent accompagnée par mon grand-père qui me quitta après de sages recommandations. Tout à la plus grande gloire de Dieu ! »
Sœur Marie-Claire est entrée chez les Sœurs de la Ste-Croix d’Ingenbohl, le 5 novembre 1936. Apte à l’étude, elle obtint son brevet primaire et le diplôme de l’Université de Grenoble pour l’enseignement secondaire. Sa mission d’institutrice débute à la Grenette à Fribourg auprès des enfants déficients puis dans les écoles primaires de Treyvaux et de La Roche.
En 1950, elle est envoyée au collège de Besozzo, en Italie pour l’enseignement du français. Durant ce long séjour de 27 ans, elle eut l’immense joie d’avoir audience auprès du Saint Père Paul VI pour lui offrir des ornements sacerdotaux confectionnés par les Sœurs.
De 1977 à 1990, elle enseigne au Pensionnat du Sacré-Cœur à Estavayer-le-Lac. A l’âge de la retraite, elle y poursuit son activité : portière, cours d’appui, étude de l’informatique dont elle fait bénéficier ses consoeurs.
En 2’000, elle rentre à la maison provinciale où on lui confie de guider l’enregistrement sur ordinateur des livres de la bibliothèque. Elle participe aussi, avec une grande perfection, à la traduction de la Theodosia et des documents de la congrégation.
De 2004 à 2006, elle assure une présence à la communauté de Moutier.
De 2006 à 2009, elle reprend traductions, correspondances et autres travaux de bureau à la maison provinciale.
Depuis 2011, elle nécessite les soins de l’ISRF où des infirmières dévouées l’entourent avec compétence, respect et amour. Sa famille et ses nombreuses amies lui restent très fidèles. De son côté, elle se montre une personne habitée par une paix sereine qu’elle puise dans la prière.
Sœur Jeanne d’Arc, Rose Murith
17 mars 1917 – 29 avril 2017
Elle nous a quittés le samedi 29 avril 2017 dans sa 101e année et la 75e de sa profession religieuse. Elle est née le 17 mars 1917, à Saussivue, Gruyères, où ses parents exploitaient un petit domaine et tenaient la Pinte des Planchettes. Il fallait travailler dur pour élever une famille de cinq enfants. Aussi elle a su mettre la main à la pâte dans toutes les activités familiales sans négliger sa formation intellectuelle par la lecture quotidienne. Conscients de ses aptitudes, ses parents n’ont pas hésité à l’envoyer à l’Ecole normale à l’Institut du Sacré-Cœur à Estavayer-le-Lac où elle a obtenu le Brevet d’enseignement primaire en 1936.
Le milieu familial profondément chrétien dans lequel Sœur Jeanne d’Arc a grandi et le contact de ses enseignantes ont sans doute orienté sa vocation religieuse. Elle a fait profession à Ingenbohl le 16 avril 1942. Puis elle est envoyée au Sacré-Cœur, à Estavayer-le-Lac. Pour assurer sa formation continue et la qualité de son enseignement, ses supérieures lui demandent de prendre le Brevet d’enseignement secondaire à l’Université de Fribourg en 1954. Après cela, elle retourne au Sacré-Cœur en tant que directrice de l’Institut. Très douée du point de vue pédagogique, elle a formé des générations d’institutrices qui, aujourd’hui, se souviennent encore de ses méthodes si performantes.
En 1972, elle propose sa démission de son poste de directrice. Celle-ci étant acceptée par le conseil provincial et en raison de ses qualités exceptionnelles, elle est nommée titulaire de l’école secondaire de Romont. Les anciennes élèves en parlent encore.
En 1978, l’âge de la retraite est arrivé. A ce moment précis, la Nonciature de Genève demande une Sœur pour le secrétariat. Elle accepte ce poste mais en réalité, elle devient gouvernante et accomplit cette tâche avec humilité et à l’entière satisfaction du Nonce et de ses collaborateurs.
En 1986, l’EMS Riondvert de Vouvry a besoin d’une animatrice pour la pastorale des Résidents. Dans ce Chablais valaisan, elle s’est aussi occupée de la Vie Montante. Elle a rempli ces missions avec beaucoup d’âme, de capacité d’adaptation et d’innovation
En 1998, c’est au Foyer St-Germain de Gruyères qu’elle poursuit, sous toutes ses facettes, sa tâche d’animatrice : soutien à la vie spirituelle, culture du chant et de la littérature, partage de l’actualité locale et mondiale, débats sur l’instruction civique. Avec Sr Blandine, elles incarnent la solidarité en participant, en tout, à la vie des Résidents. Il était touchant de les voir à leur table, partageant les repas et animant la conversation.
La santé de Sr Jeanne d’Arc s’altère peu à peu et l’âge est là. Elle avait 91 ans lorsque la direction provinciale et celle du Foyer St-Germain jugent opportun qu’elle se repose. C’est comme un trésor que le directeur du Foyer la ramène à la Maison provinciale où la communauté l’accueille avec grande affection.
Cette nouvelle étape, dite de retraite, elle la passe dans une vie de prière intense et de services communautaires, dont la préparation des légumes, activité rythmée par les chants de sa Gruyère natale.
Chaque après-midi à 14.30 heures, canne et chapelet en main, d’un pas décidé, Sr Jeanne d’Arc se rend à Notre-Dame de Bourguillon à ¾ d’heure de marche du couvent, elle dépose dans le cœur de la Vierge les intentions qui l’habitent.
Il y a 4 ans, la prise en charge de notre Soeur par le personnel soignant du secteur médicalisé de notre maison devient indispensable. En plus des soins compétents, attentionnés et dévoués, la préparation de son centenaire aboutit à une très belle fête joyeuse et chantante de toute la maisonnée et de tous les invités.
Soeur Jeanne d’Arc a toujours été entourée par les membres de sa famille, par ses amis chanteurs et poètes, par les élèves qu’elle a formées en vue d’un service compétent et responsable au sein de la société. Nous remercions Dieu d’avoir suscité en elle une femme et une religieuse de devoir.
Le Christ ressuscité soit maintenant sa Joie et son Chant pour l’éternité !